Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ARVEM ASSOCIATION - Page 38

  • Nouvelle "L’absence"

    L’Automne touche à sa fin, le ciel devient plus bas, plus gris, quelques feuilles jaunies devenues fragiles s’accrochent aux branches avant d’être desséchées. La nature s’endort en attendant les jours meilleurs.

    À sa fenêtre, le vieil homme reste pensif, lui aussi est à l’automne de sa vie.

     Chaque matin, si le ciel le permet, Léon se prépare pour sa rituelle promenade au jardin .Chaussé de ses sabots de cuir à semelles de bois, Il enfile sa longue veste en velours côtelé,  enfonce jusqu’aux oreilles sa casquette grise mouchetée, jette un coup d’œil sur le baromètre accroché près de la porte, et de son index tapote le cadran trois fois, comme s’il pouvait changer le temps. Peu lui importe les caprices du ciel, réveillant ses membres engourdis, comme chaque jour il emprunte d’un pas lent les étroites allées du potager laissé à l’abandon depuis quelques temps, en fait plusieurs fois le tour pour voir si rien n’a changé depuis la veille. Se penchant les mains croisées au bas du dos, il observe les pousses à demi enterrées jusqu’au prochain printemps, saison où la nature renaitra. 

     Dans ce lieu tant entretenu au cours de sa vie, Il aimerait retenir ces instants vécus toutes ces années. Il a planté des arbres, certains n’ont pas résisté aux caprices du climat, au ras du sol restent quelques troncs taillés où parfois il se repose les jours de lassitude.

     En fin de journée, le vieil homme songeur s’assoit au fond du jardin, à l’ombre d’un chêne plus que centenaire, il lui parle de ses questionnements comme à un être vivant. Que de fois a-t-il répété à toute la maisonnée : croyez-moi, ce chêne, me survivra.     

    A chaque évènement familial était planté un arbuste plus ou moins fragile, surtout des fruitiers. Il choisissait le bon emplacement, tenant compte de l’orientation au soleil, au vent, du gel possible. Dans le périmètre tracé au sol, les enfants creusaient de bon cœur aussi profond qu’ils le pouvaient à l’affût des vers de terre, avant de sauter à pieds joints dans le trou.  Léon plantait l’arbre bien droit, aussi droit que sa conscience, puis recouvrait les racines comme s’il cachait un trésor. Les enfants tassaient la terre avec énergie puis accrochaient au pied de l’arbuste une étiquette artistiquement décorée. La création de ces étiquettes les occupait les jours de pluie, Charles dessinait les fruits, Sophie les coloriait, Pierre les plastifiait. Le chef-d’œuvre était glissé dans un bocal posé au pied de la plantation. Chaque matin les artistes venaient voir si l’arbuste avait produit des fruits, comme nourris par la magie de la nuit, et chaque matin ils entendaient le même refrain.

    - Soyez patients mes petits, ça ne pousse pas du ciel sous le clair de lune, Il faut savoir attendre.

     Les jardiniers en herbe ont grandi trop vite, jusqu’au jour où ils ont quitté la maison, délaissant ce jardin où ils ont fait leurs premiers pas.. Depuis les arbres ont poussé, les fruits mûrissent à chaque saison, personne n’est là pour les cueillir, ils pourrissent au sol pour le plaisir des oiseaux.

    Léon va et vient dans cette maison trop silencieuse, trop grande, les jours se ressemblent. Les siens l’ont quitté depuis peu, il aurait aimé les garder plus longtemps près de lui. Il aurait aimé leur dire qu’il avait encore besoin d’eux par leur présence affective, il aurait aimé leur raconter des histoires vraies vécues autrefois, leur confier des secrets portés jusque-là comme un fardeau, leur redire ce qu’ils n’ont pas voulu entendre, c’est sans importance répondaient-ils. 

     Comme dans son jardin, Il a semé des graines d’idées, des bonnes des mauvaises, ces graines ensemencées se reproduiront ou pourriront, il a fait au mieux, chacun tracera son chemin comme bon lui semblera.

    Pour lui tenir compagnie, seul reste les photos jaunies par le temps. Les jours de pluie il ouvre le tiroir secret de la vieille armoire et sort les lourds albums à la couverture de cuir rouge. En haut des pages noires cartonnées sont notées les années, entre chaque page une feuille à demi transparente laisse le mystère sur ce qui suit. Sa vie défile, il s’arrête souvent sur les mêmes photos le regard fixe, reste un certain temps, tourne la page puis revient en arrière avec plus d’attention, il veut se souvenir, depuis quelques temps sa mémoire lui joue des tours. 

    Que pense-t-il, qui sont ces personnes qu’il ne reconnait pas, qui est cette femme souvent près de lui, comment a-t-il pu l’oublier, elle semble si complice à ses côtés ? Vêtue d’une robe d’été jaune à discrètes fleurs blanches, ses cheveux bruns bouclés mi- longs lui couvrent les épaules, face à lui sous son sourire coquin elle le dévore des yeux.

    Soudain, à travers la transparence de cette robe une senteur lui revient, ce parfum lui rappelle la belle Mathilde. Pour lui plaire il avait planté du muguet au fond du jardin à l’ombre du mur de pierres. Comme la floraison était éphémère, il lui offrait rituellement un flacon finement ciselé d’un brin de muguet, contenant ce parfum dont elle s’enivrait. Cette femme plutôt mystérieuse s’absentait des jours ou des semaines, emportant avec elle les fragrances de ce jardin. Il ne questionnait pas, se sentait perdu en son absence mais si heureux  en sa présence.

    Était-ce déjà pour lui les prémices de sa mémoire défaillante ? Il ne sait pas, il ne sait plus.

    Pourquoi ce soir n’est-elle pas près de lui ? Depuis son départ lui semblant loin il n’attend plus rien, sauf son retour, il n’a plus la notion du temps. Au bout de la grande allée, l’aire de muguet s’est étalée, ce parfum va-t-il l’attirer jusqu’ici, va-t-il la faire apparaitre en Mai prochain ?

    Toutes ces années passées, chaque mois faisait naitre de nouvelles floraisons embellissant les massifs. Le mimosa  annonçait la fin de l’hiver, suivi par les tulipes au printemps. Sentant l’été très proche les roses s’ouvraient exhalant leur senteur, les dahlias n’attendaient pas l’automne pour parader de leurs mille couleurs. Avant que Mathilde ne parte il lui composait un énorme bouquet, comme pour la retenir. Avec le temps rien n’y a fait, elle n’est plus revenue depuis plusieurs printemps.

    Tous ces instants de bonheur vécus ravivent parfois sa mémoire, il ferme avec précaution l’album photos, le range comme un objet précieux, sa seule richesse, toute sa vie.

     Demain comme hier, il tracera ses pas dans les allées du jardin en attendant la naissance de nouvelles pousses et peut-être le retour de Mathilde.

    Annick D

  • Nouvelle "Voir sans être vue"

    Avant même l’ouverture du supermarché, bien avant le lever du rideau métallique, la petite femme brune est déjà là depuis plusieurs heures pour briquer les allées. Le spectacle de la consommation va bientôt commencer.

    Le visage dégagé, ses longs cheveux lisses tirés en arrière sont retenus par une natte mettant en valeur ses fines boucles d’oreille en perles bleues. Elle est vêtue d’une blouse grise aux plis encore marqués par le repassage, sous cette couleur sombre elle se sent comme effacée, voire invisible, et pourtant elle est bien là, surtout quand on a besoin d’elle. Le prénom de Marie est épinglé sur la pochette de sa blouse, côté cœur, si toutefois un client est mécontent il saura vite la désigner.

    Marie est postée à l’entrée de l’allée centrale, balai à franges à la main, les yeux mi-clos comme si elle manquait de sommeil. Elle pourrait bien piquer du nez, mais elle se ressaisit, le devoir l’appelle, ce qui ne tarde pas. Allant de droite à gauche entre les clients pour faire disparaitre le moindre papier, légèrement courbée, elle arrive jusqu’au stand de fruits et légumes où il y a fort à faire voyant ces produits frais tombés au sol. Ah ! Si elle avait vu le coupable, plutôt contrariée aurait-elle osé  lui faire remarquer ce gâchis, non ce n’est pas son rôle. Elle a tant de mal à boucler ses fins de mois, de ceci bien sûr elle n’en parle pas à ses collègues.

    Marie jette un œil sur sa montre, elle sent un coup de fatigue, comme un petit creux, mais pas question de gouter la clémentine un peu abimée qui pourtant ne sera pas vendable, elle  risquerait de perdre son emploi, ce serait un pépin pour sa famille. Même à tort, le client a toujours raison, alors elle restera sur sa faim.

    Marie sourit au passage des clients, mais eux ne la voient pas, toujours pressés ils l’ignorent jusqu’à la bousculer. Elle connait les habitués venant aux jours et heures réguliers, surtout les retraités du Lundi matin faisant la chasse aux promos, ils lui sourient, ils ont le temps.. Pour tous elle reste aimable, elle doit être aimable auprès des grincheux comme ce râleur l’invectivant.

          --- Vous avez encore déplacé les rayons, les articles ne sont jamais à la même place.

           --- Peut-être Monsieur, peut-être…

           --- Mais je connais cette voix, ce râleur est mon voisin de palier, évidemment il ignore que je travaille ici, nous n’avons jamais vraiment échangé. Si par hasard je le croise à l’entrée de l’immeuble, sans vraiment remarquer qui je suis, il me dit à peine bonjour, sacoche ordinateur en bandoulière,  en grande conversation son portable à la main.

    Quand Marie rentre chez elle en fin de matinée, elle le rencontre, lui, frais comme un gardon, elle, marchant au ralenti en pensant que sa journée n’est pas terminée, d’autres tâches l’attendent.

    Annick D.

  • Lire "Gabrielle ou les infortunes de la vertu" Catherine  Delors

    Gabrielle ou les infortunes de la vertu_Delors.jpgTout(e) passionné(e) de l'Histoire de France et tout particulièrement de l'époque révolutionnaire doit se procurer et ne pourra que dévorer le livre de Catherine  Delors.

    Il y trouvera racontée la vie mouvementée de Gabrielle jeune aristocrate tombant amoureuse dès l'âge de 15 ans d'un roturier Pierre-André Coffinhal. Mais les convenances interdisant leur union, elle devra épouser un riche cousin qui se révèlera brutal. Les circonstances de la vie la verront plus tard quitter son Auvergne natale pour Paris où après bien des péripéties elle retrouvera Pierre-André juge au tribunal révolutionnaire.

    Je ne vous dévoile pas la fin de l'histoire, vous la découvrirez après vous être passionné pour le vie de cette jeune femme, dans un ouvrage que vous n'oublierez pas de si tôt.

     Jean-Paul

  • Film : La nuit du 12

    Que s’est-il passé cette nuit-là ? Clara, est retrouvée brûlée vive après avoir quitté le domicile de ses parents. La police enquête autour des relations de la jeune femme,  elle aimait la vie, elle aimait les hommes sans en attendre plus, ses relations masculines aux profils douteux, laissent supposer que chacun peut être coupable mais aussi innocent.

    L’équipe de la PJ menant l’enquête n’est que masculine, ambiance lourde dans leurs conversations concernant les femmes, leur mal-être professionnel perturbe leur vie privée, ce qui les poursuit la nuit comme le jour. Une juge d’instruction arrive et les remet en question, un point de vue féminin différent ça dérange. L’enquête repart à zéro.

    Les hommes tuent, mettent le feu entre les femmes et eux, les jugent si elles se conduisent comme eux. Incompréhensible ! Dans tout crime, qui est majoritairement coupable, et pourquoi ?

    Ce très bon film laisse en haleine jusqu’à la fin pour découvrir le coupable. 

    AnnickD

     

  • Lire "La rafle du Vel d'Hiv" de Laurent Joly

    En achevant la lecture de ce livre on ne peut que souscrire aux paroles du président Chirac prononcées le 16 juillet 1995 sur les lieux de l'ancien vélodrome.

    "Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l’État français. La France patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France ce jour-là accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux".

    Tout était dit, tout commentaire serait superflu.

     Jean-Paul