Chana Orloff, est venue de Palestine, à Paris en 1905, après avoir fuis les tsars russes de l’Ukraine actuelle. Son but initial, était les grandes écoles de couture, mais elle attrape à pleine mains la sculpture. Milieu réservé aux hommes à l’époque, elle trouvera sa place, surtout grâce à son style, bien particulier !!! Le portrait !
Non pas la caricature, mais elle met en évidence l’aspect particulier du personnage, sans chercher à l’exagérer.
À la naissance de son fils, certains lui affirmeront, qu’il sera une entrave à sa carrière. Soutenant qu’une femme, artiste, et mère dans le milieu de la sculpture ! elle rétorquera "que la création d’un enfant, ne peut qu’enrichir ses œuvres". Elle n’abandonne donc rien de sa passion, pas même après le décès de son conjoint, restant seule avec un enfant de 1 an.
Hormis les portraits, son thème favori est (bizarre !) la maternité, la mère et l’enfant. Nombre de ses œuvres représentent son fils surnommé Didi. "Mon fils Marin" prône Place des Droits de l’enfant, près de son atelier Villa Seurat, dans XIVème
Ses œuvres, sont de taille humaine, lisses et soyeuses, j’ai presque envie de les caresser, et de les prendre dans les bras…
Le buste de Gaston Picard, sérieux, et droit, un peu étriquée dans un costume 3 pièces…. N’a-t-il pas la tête d'un journaliste ?
Un peu plus loin, cette jeune enfant, les mains dans ses cheveux bouclés…. Des fois qu’elle ait un air de famille avec Ida Chagall ? (Voir Ida à la fenêtre de Marc Chagall).
Et puis, cette autre sculpture représentant Kundig (imprimeur et libraire à Genève …) Avez-vous remarqué son regard ? J’insiste !
Avez-vous déjà vue une sculpture, et remarqué la pupille de son œil un peu espiègle au travers de ces lunettes ? Juste pour lire entre les lignes….
Chana Orloff, fera quelques petites œuvres "pour mettre dans la poche" dira-t-elle…
Sentait-elle la folie monter ? Quand, mi-juillet 1942, un policier de son quartier, qu’elle croise, lui conseille discrètement, "de ne pas rentrer chez elle, de partir, mais de ne pas revenir".
Après ce "voyage contraint", elle se remet au travail. Ses œuvres sont rudes, granuleuse… La guerre est passée par là. Cette 1ère œuvre après avoir regagné son atelier en 1945, se nomme "Le Retour" (on ne pouvait pas trouver mieux) L’homme est assis, sur une chaise, tenant la tête dans les mains.
Cette sculpture est une rare expression de douleur dans toute son œuvre, elle la cachera sous un drap pendant des années.
La maternité restera son sujet préféré, "Maternité allaitante" date de 1949, mais encore rude et comme accidenté, style qu’elle a adopté après la guerre.
Et puis récemment, après 80 ans d’errance, dont 18 ans de démarches, juridiques
"L’enfant Didi" "est rentré, à la maison", œuvre spoliée il avait disparu comme, 147 autres œuvres de Chana Orloff, seule deux ont été restituées.
Le Ministère de la Culture à crée une série de podcaste concernant les œuvres art spoliées, et facilité leur retour, deux concernent cette sculptrice….
Et si la curiosité vous appelle…. Certaine de ses œuvres sont présentées régulièrement au sein d’expositions particulières. Mais plus encore son atelier-musée, géré par ses deux petits-enfants, Villa Seurat est accessible pour des visites.
Arletteck
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