De Brady Corbet avec Adrien Brody (acteur du film "Le pianiste"), Felicity Jones, Guy Pearce
Fuyant l’Europe d’après-guerre, László Tóth (Adrien Brody), architecte hongrois survivant des camps, arrive en Amérique (Pennsylvanie).
Un milliardaire industriel (Guy Pearce) reconnaît son talent de bâtisseur et lui commande la construction d’un vaste centre communautaire. László y voit-là la chance de reconstruire sa vie, sa carrière, son couple.
La scène d’ouverture est monumentale : d’une cale miteuse surgit une foule loqueteuse quand émerge en plan panoramique majestueux, la Statue de la Liberté sur fond azur : promesse du Rêve Américain.
L’architecture a rarement été filmée au cinéma car elle est par essence immobile. Brady Corbet l’a filmée avec maestria : les plans sont larges, imposants, somptueux.
Une rumeur lugubre, comme jaillissant des ténèbres, accompagne l’histoire de l’architecte faisant face à son passé douloureux, les complications de sa nouvelle vie, l’humiliation qu’il subit de son commanditaire. Il se voit confronté au capitalisme américain et en sortira détruit. Le Rêve Américain se meurt. Laszlo et son épouse (Felicity Jones) deviennent témoins de l’Amérique moderne.
Adrien Brody joue prodigieusement son rôle.
Cette fiction est un tsunami : la machine implacable d’un capitalisme broyeur d’hommes talentueux.
Ce long-métrage (3h35, tourné en 3 semaines avec un budget minimum) est à la fois une merveille visuelle et une fresque d’une vraisemblance terrifiante.
Un film extraordinairement puissant.
MartineC
*Né dans les années 50, le brutalisme est un mouvement et style d’architecture qui privilégie la fonctionnalité et la verticalité (espaces sans fenêtre, plafonds très bas), et recherche l’effet esthétique par l’emploi des matériaux (béton…) et procédés les plus efficaces techniquement. Le Corbusier, inspiré par ce style, l’a remis en question en faisant jouer volume et lumière.