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  • Du théâtre et du totalitarisme

    Le Manteau de Gogol (Théâtre Darius Milhaud - 80 Allées Darius Milhaud - 75O19 Paris). Métro Porte de Pantin.
    Le Passeport de Pierre Bourgeade (théâtre Auguste Dobel, 9 rue Philidor - 75012 Paris). Métro Porte de Vincennes.

    Il paraît surprenant que se jouent au même moment le Manteau de Gogol et le Passeport de Pierre Bourgeade, dénonçant la bureaucratie russe-celle du tsarisme, prémonitoire, dans la première pièce. La stalinienne dans la seconde. Mêmes mécanismes délirants, même asservissement, même folie du pouvoir absolu ricochant depuis la sommet jusqu'aux derniers échelons de la hiérarchie. Et sacrifiant les obscurs. Le peuple.

    Deux bons spectacles.

    paris,théâtreLa mise en scène du Manteau par Hugo Paccito est ingénieuse : masques grotesques et tenues de marionnettes vêtues d'oripeaux-ceux des mendiants et du héros, La Savate : une houppelande usée et sale. Sur ce fond sordide et dérisoire éclate le miracle du manteau neuf, création d'un tailleur alcoolique et généreux.
    Une gestuelle très au point, notamment dans le numéro d'un clochard ivre qui fait s'esclaffer la salle. Le fond est tragique : le fonctionnaire copiste trop zélé n'aura pas le temps de profiter ni du manteau ni de la vie, malgré tant d'heure supplémentaires bénévoles ; battu et dépouillé, il verra sa requête brutalement rejetée par ceux qui l'exploitent et se gobergent sur son dos.
    Laissons à chacun le soin d'un rapprochement avec l'actualité !

    paris,théâtreLa mise en scène de la pièce de Bourgeade est plus sobre : dans un bureau de fonctionnaire, un douanier en uniforme près de la retraite et une femme qui en fut amoureuse et a dû attendre pendant 20ans... un passeport pour la Pologne où elle veut rejoindre ses neveux. Celui-ci lui est refusé à la dernière seconde pour avoir tué et mangé la poule qui constituait son cheptel, la faisant ainsi changer de catégorie. À moins d'un coup de théâtre, qui advient, il lui faudra attendre vingt ans de plus !
    Le revirement de cette victime - d'un amour rejeté comme du caprice de celui qui veut aveuglément appliquer la loi - le jeu sadomasochiste, activé par la frustration, doublant le politique est intéressant féministement : apprenant les règles du jeu elle risque de déboulonner son adversaire et ancien "chef" en le battant sur son propre terrain-celui de la discipline bureaucratique. Mais elle perd la partie. Le triomphe final de l'homme grâce à des appuis haut placés et longuement cultivés la poussera au suicide.
    Les acteurs de cette troupe amateur de la RATP, la compagnie Aurore, qui se sont produits dans le off à Avignon en 2016, sont très bons, exacts et nuancés dans leur interprétation. Claude Lautournet qui incarne le fonctionnaire est aussi le metteur en scène.

    Contrairement aux USA, nous ne sommes guère menacés de totalitarisme, tout au moins sous cette forme patente. Mais la crainte que beaucoup ont d'une telle dérive, sur fond d'inégalité criante, et d'(entre) surveillance galopante, semble transparaître dans le choix de ces deux œuvres, et leur accueil par le public.

    Signalons aussi au théâtre Thénardier à Montreuil (19 rue Girard) - métro Croix de Chavaux) une pantomime surtout destinée aux enfants : trois clowns talentueux au physique contrasté se débattant avec des machines baroques, au milieu d'averses multicolores ; et surtout le concert de musique concrète qui suit dans la salle voisine, peuplée d'étranges instruments-sculptures fabriqués à partir d'éléments de récupération et dont mobilité et sons sont produits par deux intervenants électroniquement et manuellement.
    Bravo à cette créativité fertile, fréquente en cette ville, où d'anciens lieux industriels deviennent autant de creusets artistiques, transformant la triste jachère en un futur fabuleux.

    Marie-Claire Calmus

  • Expo "Présumées coupables"

    Rapport de police  Arletty 1945.jpgJusqu'au 17 mars 2017 dans le superbe Hôtel de Soubise les Archives Nationales présentent dans le cadre de l'exposition "Présumées coupables" plus de 300 procès-verbaux d'interrogatoires qui concernent le sujet du crime au féminin, objet du Moyen-Age à nos jours de multiples fantasmes.

    La période que couvre l'exposition du XIVeme au XXeme siècle traite de 5 archétypes féminins : la sorcière, l'empoisonneuse, l'infanticide, la pétroleuse et la traitresse.

    Exposition riche s'il en est. Vous pouvez ensuite, comme toujours vous promener dans les somptueux appartements de la Princesse où vous retrouverez dans une nouvelle présentation des documents sans cesse renouvelés tels l’Édit de Nantes où les signatures des participants au serment du Jeu de Paume.

    Une visite qui apporte toujours des surprises aux amoureux de l'Histoire.

    Jean-Paul

  • Expo "Icônes de l’art moderne"

    paris,expositionS U P E R B E …

    Si vous n’avez pas eu le temps de vous rendre à la Fondation Vuitton qui propose "Icônes de l’art moderne", la collection Chtchoukine, une bonne nouvelle : cette exposition est prolongée jusqu’au 5 mars 2017.

    Alors, prenez un billet coupe-file et vous arpenterez 14 vastes salles renfermant des trésors de l’impressionnisme. À foison, des toiles de Matisse, Gaugin, Cézanne, Picasso, Manet, Monet, Derain… la plupart inconnues de nos manuels et des expositions qui ont pu avoir lieu. Un enchantement pour les yeux avec une très bonne scénographie.

    Croyez-moi le déplacement vaut la peine et, en plus, vous admirerez (ou pas, c’est selon) l’architecture de cette fondation.

    Colette C

  • Expo "Frédéric Bazille"

    paris,expositionJusqu'au 5 mars 2017 le Musée d'Orsay présente une exposition vous permettant de faire connaissance avec Frédéric Bazille un peintre à l'existence brève (il est mort à l'âge de 29 ans tué au combat en 1870) contemporain de Manet, Monet, Renoir et tant d'autres plus renommés. Certains critiques le considéraient comme le plus doué.

    Cette exposition vous permet de juger sur pièces. Ainsi vous le voyez s'affirmer comme "peintre du nu masculin", "peintre d'histoire", "peintre des figures au soleil".... J'en passe. Sans la guerre, dans sa maturité il nous aurait sans doute bien étonnés.

    Jean-Paul

  • Atelier écriture de janvier 2017

    Ces quelques titres sont parus dans les journaux. Que vous inspirent-ils ?

    Prosper, très tête en l'air, est la vedette du jour.
    À Millau, il oublie sa femme sur l'aire d'autoroute de Brocuéjoul. Tout le monde en parle dans la région depuis que c'est paru dans le journal local.
    Sa pauvre épouse a été retrouvée en larmes, tremblante, complètement désorientée. Elle dit qu'elle n'a jamais connu un homme aussi fantaisiste, c'est ce qui fait son charme, mais alors là c'est le bouquet. Va t'il seulement se souvenir d'elle ?
    Bon, les mauvaises langues disent qu'il a voulu s'en débarrasser. Quand il parlait d'elle, il lui attribuait différents prénoms, selon les jours. Lucie, Marie, Mercédès, Jeanne, ronique, Sandrine, Diane. On mettait ça sur le compte de l'herbe qu'il consommait de temps en temps. Ah! C'est un drôle de loulou, c'est le meilleur chimiste de la région, dans sa spécialité. Les jeunes l'appellent le Père Noël.
    Sa compagne fermait les yeux, comme quoi, l'amour est aveugle, ou ne veut pas voir.

    Un certain jour, un Landais hypnotisé devant sa télé a cru le reconnaître sur un marché bio. Il vendait des cigarettes en chocolat. Apparemment, son affaire prospérait.
    Donc, quand il a laissé sa femme sur l'aire d'autoroute, il partait joyeusement vers sa maison de campagne qu'il avait gagnée aisément. Là, il faisait ses plantations, surveillait ses serres avec amour et en toute discrétion.
    Tout petit, déjà, il disait à qui voulait l'écouter, que plus tard il serait botaniste. Ça ne gagne rien lui disait t'on, il ne les croyait pas.

    Et la petite dame, dans tout ça, qu'est elle devenue ? Elle ne payait pas de mine, mais son compte bancaire la confortait plutôt. Comme son homme l'a oubliée, elle a décidé de léguer toute sa fortune à son caniche Gaétan, comme l'a fait la patronne de William Saurin. Lui au moins, (Gaétan), lui a été fidèle.
    Qu'en fera-t'il ce toutou de sa fortune? Il la dévorera en boîtes de Canigou venant de chez Fauchon, qu'il partagera avec ses amis les chiens plus démunis, sans distinction de race ou de couleur.

    Un beau matin, la petite dame s'installe à Soulac-sur-Mer, Les maîtres-nageurs se blessent en tombant de leurs chaises voyant ce clébard bling-bling collier en or cliquetant, déambulant sur la plage. C'est inadmissible disent t'ils, gaspiller une telle fortune, eux qui sont si peu payés, ils compléteraient bien leur maigre salaire en se lançant dans la chimie, comme ce célèbre Prosper. Mais à bien réfléchir ce n'est pas un bon plan en lisant les dernières nouvelles.

    Ce Prosper, déjà jugé pour usage de stupéfiants, fume un pétard devant le tribunal, avant d'être mis à l'ombre. Accusé de trafic illicite, enrichissement illégal et abandon de famille, il n'aura même pas la petite dame pour lui rendre visite.

    Annickd

  • Théâtre "Le passeport"

    Le programme prévu par Arvem annonçait "Le clan des vamps" en première partie. En remplacement de ces 40mn de rires prévus ce fut un chanteur qui se présenta. Quelques vieilles chansons, dont Renaud plus jeune, nous incitèrent agréablement à la nostalgie avant d'écouter, attentifs, quelques textes particulièrement émouvants de ce grand fantaisiste qui enchanta notre jeunesse, voire notre enfance, j'ai nommé Robert Lamoureux.

    parisIl ne nous restait plus qu'à entrer avec "Le passeport" dans le monde absurde généré par la bureaucratie stalinienne. Le jeu des 2 comédiens sonne juste, dans une mise en scène sobre et efficace.

    En résumé une bonne après-midi.

    Jean-Paul