Une récente série télévisée était consacrée à la jeunesse de George Sand.
On pouvait y découvrir que son premier roman était Indiana qui avait connu un vif succès dès sa parution en 1832.
J’ai lu ce livre dont l’intensité dramatique m’a captivé jusqu’au bout malgré les déclarations et les lettres longues et exaltées qui alourdissent le récit.
Les comportements font l’objet d’une analyse très fine qui restitue la psychologie complexe des personnages.
Indiana est une jeune créole aux grands yeux noirs, d’une beauté pâle et fragile, mais capable d’une énergie farouche pour vivre une passion qui malheureusement se révélera illusoire.
Trois hommes tournent autour d’Indiana :
Son mari, un vieux colonel autoritaire et brutal. Devant ses emportements Indiana ne s’abaisse jamais à se justifier, elle conserve une attitude soumise d’une froide politesse qui cache sa révolte intérieure. Au fil des pages on découvrira que ce mari est certes un rustre mais pas vraiment un méchant, l’aversion de sa femme rendait impossible un rapprochement. Sans risque de se tromper on peut dire que c’est un couple mal assorti.
Survient un jeune homme brillant, amoureux fou d’Indiana qui va faire naître chez elle, naïve et candide, une passion sans limite mais qui restera platonique. Elle attend tout de lui et vit dans un rêve qui l’entrainera dans les pires situations de détresse. Il n’est pas un cynique et éprouve même des remords mais, trop protégé par sa mère, il se montre égoïste.
Le troisième homme est en retrait mais toujours là auprès d’Indiana depuis l’enfance. Il présente l’apparence d’un anglais lymphatique et insensible. En réalité il est malheureux. Il sera l’ange gardien d’Indiana, l’homme providentiel qui la sauvera quand sa vie sera en danger.
On a souvent présenté ce roman comme un pamphlet contre le mariage ce qui est trop réducteur car l’amant sera encore plus décevant que le mari. De portée plus vaste il dénonce les préjugés sociaux où la femme n’est plus rien quand elle est privée d’homme et va jusqu’à mettre en cause la nature de la femme crédule et aveugle.
Ce roman m’a fait découvrir un aspect du talent de George Sand moins connu que celui qu’elle va montrer plus tard dans les romans régionaux comme François le Champi, la Mare au diable ou La Petite Fadette.
ClaudeN