De Cédric Kahn avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan-Tillié
Détenu à vie par son procès en 1974 pour quatre braquages à main armée dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes, Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, clame son innocence lors d’un nouveau procès en 1976.
Il devient alors l’icône de la gauche intellectuelle, sur fond de racisme et d’antisémitisme.
Nous assistons en huis clos à ce second procès. Le spectateur est in situ : passes d’armes, joutes oratoires, puissance du verbe de l’accusation et de la défense, réactions d’une salle chauffée à blanc.
Ce film ramène le processus judiciaire à sa vocation première : juger des crimes plutôt qu’un individu ; "Les faits, seulement les faits". Ce procès montre les limites de l’appareil judiciaire : une grande difficulté à saisir une vérité unique. Aucun jugement n’est porté par le cinéaste qui filme sans empathie aucune.
Comment juger les faits 7 ans après ? Que garde la mémoire des témoins après tant d’années ? Quant à la période d’identification en commissariat, l’opérateur avait omis de mettre une pellicule dans l’appareil….
Coupable des deux braquages sans nul doute, mais coupable de la mort des 2 pharmaciennes, aucune preuve n’existe (Goldman assume les 2 premiers braquages mais pas le 3ème ayant entraîné deux morts "Je suis innocent parce que je suis innocent" - "Je suis innocent c’est ontologique", clame Goldman).
La défense est faite contre les pulsions auto-destructrices de l’accusé.
"Gangster oui ! Meurtrier non !". Arrogant et provocateur, Goldman n’en est pas moins un écorché vif, révolté contre l’ordre établi. Homme de lettres avant que d’être "gangster". D’une verve et d’une intelligence rare, il est un homme intègre, exhortant son pardon à son père, immigré juif Polonais et grand résistant en France durant la seconde guerre mondiale.
Néanmoins Pierre Goldman aura gâché sa vie.
Ce film extraordinaire met en scène la naissance et la mort d’un grand écrivain.
MartineC