Les Nouveaux sauvages de Damian Szifron (Espagne, Argentine) 2014.
Un des meilleurs films de la période décrivant de façon implacable, féroce, l'inhumanité de notre société dans ses relations individuelles comme institutionnelles.
Parmi ces 6 courts métrages signalons particulièrement les deux relatifs à l'automobile : pour le premier l'engrenage cauchemardesque dans lequel se trouve happé un conducteur négligent mais obstiné dans ses réclamations ; guère plus heureux familialement, ce n'est qu'au fond de sa prison, porté aux nues comme emblème de la contestation par des contribuables qui dans des situations analogues, n'ont jamais pris de tels risques, qu'il redevient digne d'attention pour tous y compris sa femme et ses enfants.
Le 2e bâti sur une savante progression de l'anodin au fatal, montre les étapes d'un duel routier assorti à la compétition envahissante et absurde.
Le "clou" de la série décrit un mariage - cérémonie hyperbourgeoise, somptueuse - que tromperie et jalousie disloquent jusqu'au grotesque ; la comédie de l'institution et des apparences laisse béer, finissant par fracasser le décor , la solitude, la lâcheté et les mensonges de chacun(e).
Cette œuvre par sa lucidité violente n'est pas sans rappeler les Opportunistes, film italien resté peu de temps à l'affiche et qui, à travers un imbroglio mafieux masqué par des apparences de bonheur familial, dénonçait efficacement calculs et cynisme des riches et de leurs parasites.
Marie-Claire Calmus