Si vous voulez vous régaler Mesdames, et vous Messieurs, aller à la recherche du temps perdu, je vous invite à me suivre.
La comtesse était une femme hors du commun, tant par sa beauté, son maintien altier que sur le déroulement de sa vie, de ses actions époustouflantes si bien décrites dans le livre de Laure Hillerin "La comtesse Greffulhe L'ombre des Guermantes".
Elle s'est employée dans divers domaines fréquentant les "hauts placés" de ce monde, tant en politique que dans les arts, musiciens, écrivains, que chez les scientifiques dont elle s'est faite mécène pour bon nombre d'entre eux, ainsi prenant une place très importante dans la société de l'époque, allant jusqu'à même envisager l'émancipation de la femme.
Mais le plus important, justement, était de paraître et montrer qu'elle se voulait différente des autres femmes qui pouvaient être également en relief. Une personnalité originale, élégante, généreuse, artiste et visionnaire, d'une influence réelle. Très admirée des hommes (entre autre le jeune Proust), laissant planer un certain mystère, gardant un comportement de femme respectable, en un mot : la Classe !
Elle a donc eu recours aux maisons et stylistes de la haute couture comme, Félix, Worth, Poiret, Boulanger, Lanvin, Nina Ricci ( pas Chanel jugée trop ordinaire...)
La superbe garde-robe présentée au Palais Galliera jusqu'en mars 2016, témoigne bien du goût et des moyens importants qu'elle possédait provenant de sa famille, également de son mari, volage et manipulateur qui vivait de son côté.
Quelques modèles de la fin du XIXeme siècle sont particulièrement magnifiques, comme cette robe de velours de soie ciselé aux motifs de grenade, des robes brodées de fils d'or et d'argent ou cette splendide robe "byzantine" étincelante portée juste pour le mariage de sa fille entièrement brodée, couverte de pierreries, dont la traîne est bordée de zibeline.
Des tenues portées une seule fois en général, sauf, une robe de velours noir munie de longues fleurs de lys blanches incrustées brodées de perles qui fut transformée car elle l'aimait particulièrement.
Elle portait souvent des couleurs sombres, afin de mettre en valeur son teint sous sa chevelure auburn, créant même la mode du chignon placé au-dessus de la tête dénommé "le petit Greffulhe".
Avec l'évolution de la mode dans les années 1920 qui abandonna les manches gigot, la taille de guêpe, le corps moulé dans le corset et la traîne, se livrant à la souplesse dans les matières et les formes, pour une silhouette plus fluide, on remarque encore des toilettes richement décorées, dentelles pailletées, des motifs originaux évoquant la Chine, l’Égypte après la découverte du tombeau de Toutankhamon.
Des tenues d'intérieur, de ville, du soir, soieries, voile, emploi de perles pierreries, multiples broderies, fourrures, des chapeaux assortis, gants, souliers, sacs, éventails , à faire rêver ! Mais pas de bijoux! Non! Toujours pour se différencier, ceux-ci n'étaient pas dans ses convictions, mais plutôt réservés aux femmes faciles, ce qu'elles recevaient en échange de leurs frivolités.
Figurent peu de documents photos, car la comtesse s'opposait à divulguer ces images, les réservant plutôt à ses proches. On découvre quelques croquis longtemps cachés du peintre Paul César Helleu, seul un portrait en pastel et deux petits films nous permettent d'apprécier cette femme légendaire pourtant si peu connue, disparue à 92 ans en 1952 et repose au Père Lachaise dans une chapelle. (Un jour si vous le souhaitez, nous irons la saluer)
Je me demandais comment cela se faisait-il qu'à cette époque elle ait pu avoir une telle place, une telle volonté, un tel pouvoir, une telle capacité à bousculer les foules, les principes, tenir un rang élevé dans ses salons, être respectée et admirée et survivre à trois guerres.
Sans doute ce talent était-il dans ses gènes ? J'en ai eu la certitude en découvrant qu'elle était l'arrière petite- fille de Madame Tallien, mais également aidée par l'éducation reçue de sa mère, égale à celle de ses frères, intellectuellement et artistiquement. Cela explique tout ! Je reste pleinement admirative !
Ninette