De Kaouther Ben Hania avec Hend Sabn, Olfa Hamrouni, Eva Chikahoui
La vie d’Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, dont les 2 aînés rejoignent Daech en Lybie en 2016.
L’histoire est tragique. Je me rappelle, à l’époque, avoir vu dans les médias cette femme meurtrie criant sa souffrance de savoir ses 2 filles aînées « mangées par le loup ».
Ce film se présente sous la forme d’un documentaire-fiction, genre inédit au cinéma (à ma connaissance). Des acteurs échangent et vivent avec Olfa et ses 2 filles afin de jouer au plus près de la réalité. Nous assistons là à la préparation de tournage d’un film.
La réalisatrice pense qu’elle n’a pas d’autre moyen pour d’authentiques confidences qu’un faux projet de fiction.
N’étant pas moi-même d’obédience musulmane, j’ai été plongée dans un monde dont je n’ai pas les clés.
Le spectateur voit vivre une famille tunisienne musulmane depuis la prime jeunesse d’Olfa, son mariage forcé, la violence qu’elle déploie pour lutter contre un devoir conjugal qui s’apparente à un viol ; naissent 4 filles et pas de garçon. Rejet du mari qui laisse Olfa élever seule ses filles. Les relations mère-filles, d’une grande dignité, sont à la fois émouvantes et violentes ; celles entre les 4 filles puis les 2 benjamines enjouées et pleines de grâce. La femme est l’objet du désir masculin, l’homme (très peu présent) insuffle SA loi ; il est brutal, lâche, faussement protecteur. Mais les 5 femmes (Olfa et ses filles) se battent avec audace pour leur liberté.
Survient le Printemps Arabe de 2010 et ses conséquences qui chamboulent leurs vies.
On apprend que le port du hijab était jusqu’alors strictement interdit de port, les femmes obligation de se vêtir à l’occidentale ; l’objectif du gouvernement de l’époque étant de présenter à la face du monde une ouverture moderne. Ce n’était qu’apparence. Coquètes et rebelles, les 2 aînées d’Olfa décident de porter le voile. Elles portent alors le hijad de leur plein gré, par esprit de revendication. Les essayages sont amusants. Une scène décalée, pour l’ignorante que je suis.
Jusqu’au jour où elles se laissent malheureusement influencer par 2 djihadistes qui les emmènent en Libye où elles sont encore à ce jour, et ont donné naissances. Olfa n’a jamais rencontré ses petits-enfants.
Un documentaire vertigineux, riche d’enseignements.
MartineC
Commentaires
Effectivement ce film est violent et émouvant. Et comme il est ancré dans la réalité ("d'après une histoire vraie") on comprend mieux ces drames vus dans la presse. Une ode à la tolérance.
Erratum : une coquille s'est glissée dans le titre. Il faut lire "LES filles d'Olfa" et non "MES...".