L'Histoire du flottage du bois mises bout à bout ou l'Histoire d'un train de bois de 72m
Comment est-ce possible? Pour tous ceux qui n'étaient pas du voyage fort intéressant, surprenant, remontant le temps à la découverte d'une pratique qui tient au passé et qui nécessitait courage, force, endurance pour les hommes employés dans ce travail respectant à chacun une spécialité souvent dangereuse. Des vies bien difficiles!
Résumons rapidement
Du XVIe au XIXe siècle les nombreuses forêts du Morvan fournissent le bois de chauffage pour Paris.
À l'automne sélection des arbres à abattre et débit des bûches qui seront gravées en leurs 2 extrémités d'un dessin, marque du propriétaire acquéreur. Transportées en charrettes attelées de bœufs jusqu'aux berges des rivières où elles seront empilées dans les environs de Château -Chinon, et par la suite, jetées une par une par les ouvriers, elles flottent sur l'Yonne, la Nièvre , le Beuvron entre-autres, mais pour donner du courant et faciliter le transfert des" lâcheurs" sont organisés depuis des étangs, des retenues aménagées en amont
C'est le flottage des "bûches perdues" qui sous la surveillance de ceux appelés "les poules d'eau" entraîne le bois jusqu'à Clamecy. Parfois des embouteillages par des bûches qui s'amoncellent; l'ouvrier grimpait sur les bois les piquant de sa perche pour dégager l'amas, risquant sa vie s'il tombait à l'eau, pouvant être broyé car le flot se déplaçait à 100 m/h
Nous bénéficions d'explications très précises pour suivre les étapes de construction.
La bûche nettoyée mesure 1,14 m de long et 15 cm de diamètre, gravée pour être stockée par catégorie pour former "une branche"
"La branche" 4,50 m de long / 0,60 m de hauteur ; bûches disposées alignées en tas sur des "chantiers" (arbres supports assemblés de bout en bout sur 4,50 m de long, le tout maintenu par "des rouettes" liens formés par des branchettes torsadées.
"Un coupon" 4,50 m de long plus de 4m de large est formé par 4 branches placées côte à côte entre-elles tout en gardant un peu de jeu, pour faciliter la souplesse lors du transport
"Une part" Ce sont 9 coupons mis à la suite pour former un bloc de 36 m de long
"Le train" construit au total en 1 semaine; composé de 2 parts mises bout à bout pour composer un train de 72 m, pourvu de "nages" (sorte de codages) qui servent d'appui pour la perche ferrée qu'utilise l'ouvrier le" flotteur" pour guider le train.
C'est incroyable de voir cet immense radeau de plusieurs tonnes, commandé par 2 hommes munis de leur perche, qui avance sur des rivières sinueuses et étroites.
Nous avons vu en détail le danger pour la vie humaine, car il fallait aller au milieu de ces masses flottantes affronter le courant agité par des cascades, par tous les temps, subir les orages de l'été.Le voyage fut plus facile sur le canal du Nivernais, puis emprunter la Seine et arriver après 10 jours pour débarquer à Bercy, Grenelle , l'Ile aux Cygnes.
Le train date de 1549, en 1800 les 2/3 de la consommation annuelle de bois à Paris sont ainsi fournis. 1877 date du dernier train, car le transport en péniche le remplace, puis le charbon sera plus utilisé.
Conclusion
Nous avons apprécié cet exploit agrémenté de commentaires de l'époque, de documents photos, et l'animation sur écran pour encore rendre plus vivant cet épisode très spécial. Bien entrainés tout juste si nous n'avons pas enjambé quelques bûches !
Ninette
Commentaires
Une conférence menée par Jean-Yves très enrichissante tant du point de vue technique, si bien décrite dans les détails, que du point de vue humain ; que de labeurs et peines ces travailleurs ont du développer ! Grâce à cette discussion, j'envisage les "choses" du quotidien avec un autre regard, pensant à la chaîne de travailleurs qui en ont permis l'aboutissement (et quelles qu'en soient les époques). Merci, Jean-Yves, pour cette superbe présentation.
Expo passionnante. Je savais qu'on pouvait pratiquement faire en suivant des canaux le tour de la France. On avait vu à Bercy 'le train de bois, mais l'histoire et les risques, SUPER... Merci Jean-Yves.