
Quoi de plus banal
 Que de s'émouvoir
 Sur la saison automnale,
 Et s'épancher sur l'écritoire.
Qui ne s'est pas extasié
 Des superbes couleurs,
 Aux arbres rassasiés 
 Par l'été et la chaleur ?
La nature fait bien les choses,
 Des verts, quel nuancier !
 Du jaune au rouge, elle ose,
 Afin de mieux les différencier.
Dignes de grands artistes
 S'offrent à nous de vrais tableaux,
 Mais si leurs peintures résistent
 La vie, exige le renouveau.
Le trottoir se couvre de feuilles
 Qui s'échappent une à une,
 Virvoltant pour retarder l'accueil
 Du sombre et dur bitume.

Belles encore elles seront
 Quelques courts moments,
 Les enfants elles tenteront,
 Ramassées pour la maman.
Mais, voilà, tôt le matin
 Un large coup de balai
 Achèvera leur destin, 
 Dans une valse sans délai.
Auraient-elles préféré être soufflées
 Dans un tourbillon étourdissant ?
 Pour une dernière envolée
 Vibrer encore un instant ?
Leurs arbres sont, sans parure, moins fiers
 Nous dévoilent que des bras nus,
 Le sommeil les guette avec l'hiver,
 Leur splendeur étant perdue !
Ne soyons pas moroses
 Bannissons la tristesse,
 Attendons que tout repose
 Avec patience et sagesse.
Ninette