De Jean-Paul Salomé avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Yvan Attal
Une des plus grosses affaires d’État de ces 10 dernières années
Le 17 décembre 2012, Maureen Kearney, responsable syndicale chez Areva (multinationale détenue par l’État français), est sauvagement agressée chez elle. Elle travaillait alors sur un dossier sensible. Les enquêteurs ne trouvent aucune trace des agresseurs… Est-elle victime ou coupable ? Maureen est persuadée que son travail a fait d’elle une cible.
Elle enseigne l’Anglais à la SGN, filiale du groupe Areva. Indignée par le sort de certains de ses élèves licenciés sans indemnités, elle s’engage comme déléguée puis responsable syndicale.
Le contrat auquel M. Kearney a accès semble offrir à la Chine le savoir-faire technologique des ingénieurs d’Areva. Immédiatement, elle communique le document à Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault. Tous deux, alors dans l’opposition, demandent à François Fillon de mettre un terme à ces agissements. Mais Maureen Kearney ne peut empêcher la catastrophe ; la voici accusée pour dénonciation mensongère. Lanceuse d'alertes, elle voit sa vie basculer pour avoir révélé les transferts technologiques qu’EDF concède au chinois CGNPC sur le dos d'Areva et de ses 50 000 suppressions d’emploi.
L’enquête -donnant lieu à des humiliations corporelles et mentales- est bâclée, la procédure classée. C’est sans compter sur la pugnacité de M. Kearney qui mobilise ses connaissances que de multiples procès (une femme violée est une cible face à la justice : fragilité mentale, mythomanie…) s’ensuivent.
En 2018 Maureen Kearney est enfin acquittée.
Quant à Louis Courcel, PDG d’Areva, l’assignation en justice de 2012 ne lui parviendra pas : elle ne lui a jamais été envoyée.
Les accords qui entraînaient un transfert de technologie et des pertes d’emplois ont finalement été abandonnés après 6 années durant lesquelles le mal a progressé. Les agresseurs de Maureen courent toujours.
Ce film aux accents chabroliens de Jean-Paul Salomé est un remarquable thriller politique terriblement fidèle, servi par une Isabelle Huppert criante de vérité.
Ce n’est pas une fiction que j’ai vue mais une affaire d’État terrifiante que j’ai suivie sur grand écran ("La vie d’une femme ne vaut rien face à des milliards, l’Économie, les Grandes Entreprises" [dixit sa fille Fiona]), trop vite oubliée car malheureusement, cette affaire révélée grâce à une femme est une affaire économico-politique parmi tant d’autres décidant de nos vies, jamais dénoncées et qui maîtrisent notre monde.
MartineC