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Atelier écriture "D'après un tableau"

Thème : Les rochers noirs d'après ce tableau 

Rochers noirs.jpg

Black blues au Port Blanc

Nous sommes en mai 1979.

Le temps est gris, l'horizon bouché.

Il est arrivé sur la plage sans vraiment réfléchir, presque machinalement. Il a cherché une crique tranquille, du sable fin et un rayon de soleil en coupant par le petit bois. Loupé !

Devant lui, la mer est grise. D'énormes rochers de granit noir, effrayants, lugubres se dressent comme des sentinelles malveillantes.

Noirs, pourquoi ?

Il repense à cette même plage. Quand il était gamin, dans les années soixante avec ses  frères, cousins et copains cette plage était leur domaine. Il passait toutes les vacances d'été entre baignades, constructions de châteaux de sable, bronzette, parties de volley et escalade sur les rochers. Et plus tard, en bons ados qui se respectent premiers flirts et régates déjantées.

Un des rochers s'appelait le Sphinx. Il ressemblait et ressemble toujours à une statue égyptienne. Ça titillait l'imagination des gamins !

 Aujourd'hui, il a vu le Sphinx pleurer.

Mais, à l'époque, ces rochers n'étaient ni noirs, ni lugubres. Ils étaient ocres et semblaient se couvrir de vernis irisé à marée haute quand les vagues venaient les caresser ou les gifler.

Et la raison de cette vision qui le perturbe c'est la marée noire de 1978. En effet, un jour funeste de mars, le 16 exactement, le pétrolier Amoco Cadiz s'est éventré à Portsall et la Bretagne a versé des larmes de sang.

Un an plus tard, les stigmates de cette catastrophe sont encore bien présents.

C'est dingue ! Comment ne pas y avoir pensé plus tôt. Pourquoi cette amnésie passagère ?

Les pétroliers peuvent passer au large et vomir leur poison noir et gluant. Pour eux, ce n'est pas grave. Ils ont transformé ce lieu magique, gardé par des rochers majestueux, en cimetière. Les rochers en portent encore le deuil. Noir !

Le courage et l'énergie des Bretons sont presque venus à bout de cette gangue visqueuse.

Bien sûr, il se promet de revenir souvent sur cette plage de Port Blanc.

Il est perdu dans ses pensées quand il se rend compte que quelqu'un l'appelle du haut de la plage :

Il reconnaît la voix de sa mère :

- Michel, mets ton pull ! Il fait froid.

Marief

Commentaires

  • Au-delà du texte, j'adore Port blanc et surtout la promenade sur le chemin côtier.

  • J'aime ton récit, Marie, traversé de poésie, de nostalgie et.... d'espoir, enfin. Bravo. En le lisant, je t'entends le lire.

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