De Damien Chazelle avec Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva
C’est avec grande impatience que j’attendais la sortie en salles du film "Babylon" relatant les débuts d’Hollywood, centre historique des studios de cinéma américains.
Années 1920, les studios établis à l’Est des États-Unis trouvent leur eldorado à l’Ouest : de grands espaces vierges où planter les décors, une luminosité propice à la prise de vue, une main d’œuvre pléthorique et bon marché (Indiens, Mexicains).
Starlettes, vedettes, scénaristes, opérateurs, inter-titreurs et tout quidam en quête de célébrité s’y ruent. On construit à tours de bras des décors éphémères, on importe des animaux exotiques (un éléphant, un crocodile), on court à Los Angeles louer "La" rare caméra encore disponible, on filme, on crie, on joue. C’est la frénésie. Tout y est permis : on vit sans foi ni loi des fêtes outrancières sur fond de sexe, alcool et drogue. Défilent une actrice débordante d’énergie (Margot Robbie), un immigrant du Mexique (Diego Calva) rêvant de travailler sur un plateau de tournage, un Jack Conrad (Brad Pitt), vedette du cinéma muet au sommet de sa gloire.
Le spectateur est plongé dans cette folie sublimée d’images ahurissantes, burlesques, effroyables, rythmée par une musique déchainée (Justin Hurwitz). Il en prend plein les yeux et les oreilles ; son cerveau bouillonne. Quand il pressent que la machine à rêves va s’enrayer, il se remémore le mythe de Babylone.
La dépravation sans limite a ses fins. C’est l’histoire charnière du cinématographe : la fin du muet. La bande-son est inventée. Or, les acteurs du cinéma muet savent gesticuler, marquer leurs visages d’expressions exigées par leurs rôles, mais ils n’ont pas appris à s’exprimer par la voix face à une caméra, et le timbre n’est pas celui attendu sur la bande-son.
1927 voit le temps de la désillusion. Le monde du cinéma muet s’est brûlé les ailes. Une autre révolution (1937) arrivera avec la diffusion généralisée de films en technicolor. Et de nos jours, la technologie numérique et les attentes du public n’ont pas fini de faire évoluer le cinématographe.
Ce film époustouflant, magistral, qui s’achève en 1952 (avec les studios bâtis en dur, les institutions telles que la MGM…, la législation cinématographique et sa censure) est aussi une satire d’un cinéma devenu industrie dont la seule volonté est d’engendrer des profits, au prix de sacrifices artistiques et éthiques.
Une Nouvelle Babylone est née avec Damien Chazelle - sans oublier ses acteurs hors pairs – qui nous livre à travers son œuvre un époustouflant hommage à l’Art Cinématographique.
Trois heures durant, je me suis sentie littéralement submergée de sensations intenses. J’aurais aimé que ce film dure et dure, encore et encore, des heures et des heures.
Qui a dit que le Cinématographe est un Art mineur ?
Le Cinéma est bien "le 7ème art" - la synthèse des arts du temps et de l’espace -.
MartineC