Un homme à la mer" de Chigo de Chiara par la compagnie Aurore.
Cette sortie au théâtre organisée par l'Arvem a permis une double découverte.
Celle du Centre Culturel Auguste Dobel, bien équipé, même si la Compagnie Théâtrale Aurore souhaite trouver une salle de spectacles plus adéquate, notamment quant au nombre de places. Et celle d'un auteur italien, polyvalent, qui a consacré sa vie au théâtre : traducteur de textes anciens, essayiste, metteur en scène, scénariste.
Le propos est très actuel, et sans doute a présidé au choix de cette compagnie de la RATP : le licenciement d'un cadre d'entreprise qui le laisse désemparé, tournant en rond chez lui, et s'inventant comme cela s'est produit ; parfois avec des conséquences dramatiques, un nouvel emploi... tout fictif pour rassurer sa femme.
La mise en scène faisant intervenir le vécu chaotique et pluriel du personnage devant sa psychiatre est très efficace. Les obsessions diverses : désir, haine, désespoir prennent corps, commentées placidement par le docteur Kappa (Brigitte Plançon).
Saluons son jeu maitrisé, correspondant au rôle, et faisant éclater par contraste, souvent humoristiquement, l'exubérance du "chômeur" admirablement interprété par Hugo Clément.
Contrairement à certaines citations de critiques, je ne trouve aucune démesure, au sens d'extravagance, à ce personnage, si proche en fait de bien des sacrifiés du système, jusque dans le haut de l'échelle.
Il se bat, et pour s'en tirer, il imagine. Il va même jusqu'à se trouver lui-même une autre formation, étrange, qui le délivrera de son ancienne aliénation ; si pour finir il se laisse reprendre par celle-ci, et renonce à ce projet grandiose et un peu fou, il en construit méthodiquement les prémices.
Hélas, la mort qui faisait partie de l'utopie deviendra celle de la réalité à laquelle il l'a sacrifiée...
Terrible ironie du sort qui colore tragiquement cette comédie et nous fait rétrospectivement mesurer la gravité de situations semblables.
Marie-Claire C