Partie quelques petits jours avant les vacances de printemps, pour changer d'horizon, retrouver l'évasion pour les yeux, les oreilles, respirer un air plus léger.
Comme chaque année revoir Trouville, le charme de ses jolies maisons, le décor immense de sa plage et son quai, cette artère si particulière le long de la rivière La Touques où les oiseaux se réfugient.
Ce quai lieu de vie traditionnelle qui reçoit les marchés, de nombreux chalutiers et leurs pêcheurs actifs qui s'emploient à la vente directe, ces commerces attirent beaucoup de monde, dans une atmosphère détendue, agréable, animation typique.
Dans cette courte escapade, je ne pensais qu'à regagner ce marché important si vivant, retrouver des commerçants habituels connus depuis des années, tout en profitant du site sous forme de balade.
À mon arrivée, à la sortie de la gare dès mon premier regard sur cet endroit, je fus clouée sur place. Mais qu'est-ce que c'est ?
Tout au long du quai un amas de gros sacs blancs emplis de pierres, de gros engins de travaux dispersés, des barrières s'échelonnaient.
C'est en m'approchant que j'ai constaté l'impossibilité d'accéder. Tout le quai est chamboulé, la route elle-même en grands travaux transformée sur un côté en 2 pistes cyclables, les trottoirs élargis pour recueillir de futurs emplacements de verdure et les nouveaux espaces piétonniers seront pavés. Pratiquement plus de places de stationnement.
Désolation devant cette destruction, parcours qui sera , peut-être plus joli, moins vivant, et qui occasionne bien des mécontentements de la part des commerçants, des restaurateurs: difficultés pour circuler, se garer, des boutiques sont totalement fermées et les questions se posent pour l'arrivée des touristes en pleine saison .
Deux fois par semaine le marché est transféré en pleine ville, sur une avenue d'une impressionnante longueur et qui créer des animosités de la part des résidents, par le bruit,; la suppression de leurs parkings... Les marchands ont constaté une perte de 50% de leurs ventes et déplorent surtout le fait de savoir qu'ils n'accèderont plus sur le quai, même si les travaux s'achèvent entre 2025 et 2026.
Il est également question de la suppression de la fête foraine qui séjournait périodiquement.
Le mécontentement se fera sentir car ils ont tous bien l'intention de "grogner très fort" m'ont-ils dit. Sans doute n'ont-ils pas été consultés pour cette transformation radicale et ses conséquences. Il est question de faire un blocus !
Ce manque de contact humain si vital pour eux, le trouble pour les résidents, j'ajouterai pour le touriste, le ressenti d'un choc, un vide, un désastre. La Touques dénudée sans vie, n'a plus de bateaux, fini les ballets acoustiques tourbillonnants des mouettes.
Bien sûr au fur et à mesure que le temps passe, pour des raisons diverses, tout change, tout évolue soit-disant, mais quelle tristesse de voir disparaître ce qui avait une âme, plein de charme, une particularité pittoresque.
La nature elle-même chamboule les paysages par ses intempéries sous des formes graves et bien souvent l'homme est impuissant. Mais ce qui fait partie des traditions qui différencient les régions de notre chère France, sont à respecter car elles font vibrer les sentiments, les images, les souvenirs de bien-être , sont sacrées.
Dans la location, avec un léger sourire, on regarde les photos très anciennes du siècle précédent posées sur les murs. Des personnes sur la plage, de paisibles promeneurs en cette ville....Comme quoi le passé peut rester présent !
Ninette