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Nouvelle "Léo écoute la mer"

- Dis Papa, elle va où la mer lorsqu’elle se retire ? 

- Quand elle sera à tes pieds, avant qu’elle se retire, demande-lui quel est son secret,  À cet instant, ferme tes yeux, pose un gros coquillage sur ton oreille et écoute ce qu’elle te révèlera.

-- Je suis à l’origine de la vie, de toute vie, j’ai toujours été là. J’ai connu bien des transformations avant de rencontrer les hommes. Dans mes profondeurs vit un autre monde, un monde riche en plantes aux formes et couleurs inimaginables créant le nid d’animaux marins. Ces animaux aux formes étranges nourrissent la diversité de poissons plus ou moins gros. Certains peuples ont imaginé des divinités mi- animales mi- humaines, peut-être étaient-ils insatisfaits de cette existence terrestre, désiraient-ils  une autre forme de vie.

Selon mon humeur, je change de couleur. Le ciel se reflète en moi, s’il traine de légers nuages blancs transparents, les rayons du  soleil me réchauffent ; s’il est d’un bleu profond nous ne faisons plus qu’un, c’est l’extase, s’il est chargé de lourds nuages gris, je m’assombris. 

Certains soirs je tente de rejoindre le soleil avant qu’il se couche, mais il me fuit pour un autre monde, alors je sombre, désolée je passe la nuit sous un ciel plus ou moins étoilé. A l’aube je le vois à l’est apparaitre rayonnant heureux de me retrouver. Nous passerons douze heures ensemble, loin l’un de l’autre, mais pas l’un sans l’autre.  Il est vrai qu’entre nous c’est une histoire d’amour de longue date, depuis la nuit des temps.

Par son pouvoir d’attraction, la lune est complice avec mon ami le soleil pour me mettre en colère. Si le vent s’en mêle je suis imprévisible, je tempête, de monstrueuses vagues peuvent tout emporter vers le large. En pleine mer je peux faire couler les chalutiers, là où ces marins risquent leur vie afin d’aller pêcher au loin une nourriture saine.

Avant de m’éloigner, je me brise contre les falaises. Avec le temps je grignote lentement les côtes, mine de rien je gagne du terrain. Après quelques heures à marée haute je redescends, abandonnant des coquillages entre les rochers, pour qui voudra les ramasser puis les déguster. J’entraine au loin ce sable si fin que tu brasses, d’ici quelques temps tu ne pourras plus construire le château de tes rêves.

Mes courants chauds attirent une multitude de petits poissons se nourrissant de plancton. C’est un paradis pour les plongeurs, ils communiquent avec les dauphins, deviennent un temps mi- homme mi- poisson, comme s’ils retournaient à leur origine. 

 Les beaux jours arrivant, je fais le bonheur des nageurs, des surfeurs. Je les enroule dans une énorme vague, mais parfois ils oublient ma force, leur imprudence peut les emporter vers un autre monde sans retour. 

Le promeneur solitaire peut s’asseoir sur la dune jusqu’à la nuit tombée, laisser divaguer ses pensées, laisser bercer ses rêves, jeter à l’eau ses regrets, ses déceptions, le regard flottant sur mes ondulations.

 Je suis sans frontières jusqu’à ce que j’atteigne les côtes. Hélas trop de monde, trop de constructions, trop d’agitation, trop de déchets abandonnés, c’est la déception. Je me retire pour retrouver mon paradis bleu.

Léo s’est endormi, une plongée en mer le transforme en dauphin, le rêve de sa vie.

Annick D.

Commentaires

  • Que ce soit cette nouvelle ou les petits ruisseaux, vous êtes vraiment douée Annick, une écrivaine accomplie, il ne vous reste plus qu'à écrire un livre de nouvelles où tous les avermois et plus se précipiteront dessus pour l'acheter. Annie T.

  • En lisant ce texte, le petit Léo devenu grand a recherché le coquillage magique..

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