Nuit blanche
En cette période difficile du confinement, bien que dans la journée l’on s’occupe, les activités physiques moindres, ont pour conséquence un sommeil quelque peu perturbé.
Encore que, par nature très matinale, habituée à des nuits très courtes, la tête rarement vide, elle travaille encore davantage sans pouvoir la contrôler. Aussi les heures tournent, un oeil trop souvent prêt à repérer l’avancement des aiguilles.
C’est ainsi qu’en ce lundi 30 mars, j’ai vu passer minuit, toutes les heures désespérément à contrôler ma respiration, évacuer les pensées négatives, impossible de compter les moutons, me lever regarder par la fenêtre, faire des jeux qu’offrent les journaux, lire, tourner en rond, puis me remettre à la fenêtre.
Découverte
Et là ! Que vois-je ? Une forme noire immobile devant Monoprix. Qu’est-ce ? Un dépôt de sacs ? Ai-je une vision ? Est-ce un personnage ? Oui, sans doute. Pourquoi ne bouge-t-il pas ? Téléphone-t-il ? Il n’est pas ivre, ce n’est pas un SDF non plus. Le voilà qui fait quelques pas, il semble attendre.
Le guet
Il est 3h45 mais que fait-il là tout seul ?
Après quelques minutes, il avance jusqu’au bout du trottoir pour emprunter la rue adjacente d’où arrive une autre silhouette aussi noire. Ah ! Tiens ! Ils se connaissent ! Ils reviennent tous deux vers la façade, puis repartent alors qu’une voiture dépose un autre homme de noir vêtu comme les précédents.
Soudain arrive à pied une personne chargée de sacs ! Ils se congratulent alors que deux autres se joignent. Mais comment viennent-ils ? Pas de bus, ni métro ? Un autre les rejoint (plus jeune, sa tenue est baroque). Les voilà à 7 qui entrent dans Monoprix par l’entrée de la petite rue.
La réponse
Il est 4h les lumières du magasin s’allument !
Ah ! Les voilà “les Invisibles” ! Déjà si, tôt ? Jamais aussi matinaux, 2h plus tôt qu’à l’ordinaire. Pas de camions de livraison !
Apparemment ils viennent nettoyer désinfecter je suppose, car 4 d’entre-eux sont soudainement ressortis quelques instants à cause des produits, du sol lavé ? Puis ils sont rentrés probablement pour installer les rayonnages, peut-être le ou les bouchers qui préparent les multiples barquettes.
J’ai aussi découvert que la nuit la vie continue dans le supermarché, souvent au-delà de minuit.. Le dimanche seulement les horaires sont plus raisonnables.
Les médias commencent à évoquer tous ces gens, autres que les soignants, qui courageusement font de la présence, pour que les autres puissent continuer à vivre quasiment normalement.
Il a été évoqué les caissières mais ceux qui, garnissent les rayons, que l’on croise parfois encore tôt le matin, qui partent les heures dues faites, ceux-là n’entendent pas les applaudissements de 20 h !
Pourtant ils méritent aussi notre reconnaissance. Alors dès que je le peux, je glisse un mot de remerciements pour ceux que l’on ne voit pas.
Ce lieu souvent critiqué appelé fut un temps “nouvelle cathédrale” on est heureux de pouvoir le fréquenter alors que les marchés sont supprimés où le contact humain reste encore possible, voire retrouvé, bien que les vendeuses conseillères aient quasiment disparues, car l’automatisme a remplacé la main-d’œuvre si peu considérée.
Cette épidémie c’est un mal pour un bien.
Il semble renaître un peu de solidarité, moins d’arrogance, une réponse aux appels de détresse de toutes parts. Il est certain que toute cette incertitude provoquée par un virus inconnu qui ravage d’une manière intolérable, donne un climat angoissant, mais qui finalement redonne du sens à la vie....
Penser aux autres, écouter, regarder la nature. Même en ville, c’est la renaissance, le printemps fait son œuvre, les pigeons roucoulent, les arbres verdissent, les fleurs apparaissent. Les rues calmes voient de nouveaux promeneurs : les canards se baladent sur les trottoirs du 12e. C’est vrai que le Parc de Bercy n’est pas loin. (Cela me rappelle... Il y a 50 ans... Qu’une chouette envolée du Bois de Vincennes était venue se réfugier dans mes rideaux. quelle trouille)
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Avril
Un mois déjà ! Le temps a passé depuis ce bavardage spontané !
Je relis cet épanchement et vois que mes constats divers perdurent, même si on évoque le déconfinement avec craintes et appréhensions, il semble bien que notre “ liberté de vivre” n’est pas prête de revenir.
La télé diffuse des chants, des textes, des conseils. Je souris chaque fois que “mes ressentis” sont évoqués, signe que je sais encore vibrer ! et même pour tous les “Transparents de la République” expression de Grand Corps Malade”d’avril !
Merci les Amis d’avoir été jusqu’au bout !
Soyez raisonnables, faites attention à Vous. Je vous dis à bientôt ! ... On parie ?
Ninette
Commentaires
Annie tu dis très bien ce que je ressens ce que nous ressentons tous . Mais je crains qu'avec le temps, une bonne partie de ceux qui ont un regard nouveau sur les "Transparents de la République" oublient vite que ces "petites mains" étaient là pour eux. Leurs exigences leur ignorance leur "moi je" sont tellement une partie d'eux-même.
Faisons un rêve. Que ce virus asphyxie l'individualisme , qu'il fasse naître la reconnaissance de l'autre à sa juste valeur humaine et non aux valeurs matérielles.
Nous entendons tant de discours et de débats venant de tous les milieux , sur le monde d'après. Bravo pour ton texte.