Journée d'évasion
Le château, une bien jolie demeure de plaisance, avec quelques spécificités qui marquent cette visite.
Un escalier placé sur le côté du château permet aux pièces de se trouver regroupées d'une façon plus intime et forment ainsi comme un appartement. Leur accès, s'il est souhaité discret, est possible par un couloir rejoignant l'entrée principale.
Cette propriété est un "petit bijou" superbement meublé où l'on retrouve tout l'art du XVIIIe siècle, comme le salon des chinoiseries aux inventions du peintre Christophe Huet, les boiseries de style Rocaille, l'évolution des sièges, des commodes, des meubles agrémentés de marqueterie, somptueux décors de lits, de fenêtres, de nombreuses porcelaines de diverses origines, des pendules à l'heure dans chaque pièce, sans oublier les lustres parmi lesquels, une découverte exceptionnelle, un modèle en bronze dessiné par Charles Boulle évoquant "le temps qui passe" représenté par des visages.
Tout cela grâce au dernier propriétaire passionné de cette époque, qui redonna vie au château après saisie à la Révolution. Il fit restaurer l'intérieur en l'adaptant au mode de vie de la grande bourgeoisie, par une salle à manger des enfants, des salles de bain, un fumoir, un billard, le chauffage par air chaud etc...
À l'entrée, immédiatement dans le grand salon, on peut apprécier toute la perspective du parc, ses deux bassins, ses parterres de broderies grâce aux immenses baies et même profiter d'un accès direct par des portes-fenêtres au rez-de-chaussée.
En 1935 l’État fait l'acquisition du domaine. Il a été utilisé de 1939 à 1974 pour la réception des chefs d'états étrangers. (On sait recevoir...).
Bienheureuse idée, ensuite, que de l'avoir laissée à la disposition du public, car elle nous a permis une bien belle et agréable visite !
Si la nourriture de l'esprit est importante, un arrêt de restauration était le bienvenu, au Campanile de Bussy. Deux heures pour reprendre des forces avant de se rendre aux alentours de Meaux, pour la visite de l'usine élévatoire de Trilbardou.
De quoi s'agit-il ? Apporter l'eau nécessaire à la Capitale. J'ai retenu ceci :
Grâce à un système ingénieux placé au XIXeme siècle, composé d'une monumentale roue hydraulique de plusieurs tonnes qui brasse l'eau de la Marne en douceur, et entraîne des machines qui régulièrement pompent l'eau, la redistribuent par d'énormes tuyaux afin d'alimenter le canal de l'Ourcq, qui, lui-même fournit l'eau à la ville de Paris !
Après la fascination devant ces turbines dans l'usine, faisons un détour pour découvrir une cascade de 1,20m de hauteur, construite par l'homme, offrant une Marne furieuse animée de grosses vagues et tourbillons, un spectacle étonnant !
Par un escalier vertigineux à gravir alertement, allons faire un tour au bord du canal de 11m de large, entouré de verdure semi-sauvage et du chemin de halage.
Au-dessus de l'eau l'apparition de libellules bleues et de poissons sauteurs osent distraire mon écoute (ce côté nature reposante me sied à merveille, après un court instant d'égarement, je m'accroche pour un retour au sérieux).
C'est dans ce cours d'eau que circulaient les péniches, "les flûtes" transportant des tonnes de bois, de pierres, des matériaux de construction pour Paris au XIXe siècle. Ces bateaux descendaient à la force du courant, et remontaient tirés par des hommes, puis par des chevaux et enfin des tracteurs suivant le chemin de halage. Une très jolie maquette permet de faire revivre cet endroit peu banal.
C'est une visite très technique, intéressante, une découverte pour la plupart d'entre nous. J'espère qu'à la vue de l'eau dans les caniveaux, ou à la rencontre de l'arroseuse municipale chacun aura une pensée particulière pour cette construction géniale qui demande une simple surveillance sur le niveau d'huile nécessaire au mécanisme, le niveau du canal, qui en cas de baisse sera comblé par une simple ouverture de vanne. À écouter le guide... Tout est simple... Tout marche tout seul... Fallait seulement y penser !
Merci au créateur ingénieur, Monsieur Sagebien ! Quand même une question : Avez-vous tout compris Vous ?
Voilà une journée bien remplie dans sa diversité où chacun aura forcément puisé quelque part un petit moment de bonheur à faire provision, car c'était la grande séparation avant la période estivale.
Arrivé à bon port, il fallait se quitter, mais pas sans énoncer la phrase magique : "Bonnes vacances".
Ninette