Par la compagnie Teatro di Fabio au Théâtre 12(*), avec Fabio Alessandrini et Damien Hennicker, musicien.
Ce spectacle dénonçant les ravages du dopage dans le milieu du football nous laisse exsangues, même si nous connaissons le problème dans ses grandes lignes.
Après avoir évoqué le parcours, depuis l'enfance, qui l'a conduit à devenir footballeur professionnel, à l'exemple de Morales, joueur fétiche du passé, le personnage introduit le thème presque sans y toucher et le fait progresser jusqu'à ce moment extraordinaire où il étale sur une table les flacons contenant les diverses substances, en détaille les effets avant d'en composer des cocktails meurtriers qu'il expérimente sur son complice - talentueux saxophoniste modulant les différentes tonalités du texte - puis sur lui-même, contant pour finir les séquelles qui lui en resteront jusqu'à une mort précoce.
La mort est là continuement, déjà évoquée dans l'énumeration de joueurs célèbres victimes du dopage dans la fleur de l'âge.
Elle est aussi dans l'abstraction de la mise en scène : un fond noir parcouru d'une ligne lumineuse qui peut suggérer un but, le terrain - lui-même vide. Elle est surtout dans la pantomime et gesticulation fantaisiste de ce héros ricanant, être vivant ou fantôme ? - qui tente de la narguer, de la traiter légèrement, de l'apprivoiser peut-être avant d'être désintégré.
Le texte est fort, le sujet gravissime. L'excellence du comédien est telle qu'elle menace, à mon avis, de faire un peu pâlir l'un et l'autre, de s'en servir plus que les servir. Cette réserve n'ôte rien à son éclat ni à l'impact d'un tel spectacle, à voir absolument.
Marie-Claire C
(*) Centre d'animation Maurice Ravel, 6 rue Maurice Ravel, 75012 Paris