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  • Annie ernaux, je vous salue...

    Je vous salue, Madame Annie Ernaux, pour avoir écrit avec délicatesse votre avortement clandestin subi à l’âge de 23 ans en 1963 dans votre livre "L’évènement".

    Je vous salue, Madame Audrey Diwan, pour avoir traduit en un film magistrale, fidèle au livre cette ô combien tragique expérience vécue par les  jeunes femmes de cette époque ("Les Trentes Glorieuses !!!!).

    Cette histoire rappelle ou apprend la misère, la solitude, la terreur dans laquelle tu vivais, Femme. Si tu fautais, gare à toi la grossesse ! Fille-mère tu seras à jamais, rejetée de ta famille, du corps médical et du corps enseignant ; mise au banc de la société.

    Plus question de poursuivre tes études dans cet état, d’exercer la profession dont tu rêvais, ni même d’éduquer seule ton enfant que d’ailleurs, « tu n’es pas sûre de pouvoir aimer ».

    Tes seuls échappatoires : épouser un "homme généreux" que l’on t’aura quelquefois choisi, t’écharper avec une aiguille à tricoter, ou encore trouver une faiseuse d’ange à un prix exorbitant (400 F).

    Homme : seul ton plaisir prendras ? " C’est une maladie qui ne concerne que les femmes".

    Voilà en quelques lignes ce que nous racontent Annie et Audrey, avec une vérité crue mais sans pathos. N’oublions pas qu’avant Madame Simone Weil qui fit voter la loi en faveur de l’avortement (1974), la Femme était réduite à un objet de plaisir.

    Je vous salue bien bas, Madame Simone Weil.

    Que l’on ait connu cette époque ou pas, que l’on soit vieux, jeune, homme ou femme, rappelons-nous. Des femmes fortes existent pour la mémoire.

    Un conseil de ma part, Amis Avermois : on sort de la salle de cinéma littéralement ébranlé, aussi est-il préférable d’y être accompagné.

    MartineC

    NB : les phrases en italiques sont tirées du film

  • Hommage à Annie Ernaux par MartineC

    Chère Annie Ernaux,

    J’ose apposer le mot "Chère", Madame, car jeune encore dans les années 1990, ô combien je me suis sentie proche de vous au travers de votre œuvre, et le suis toujours à 65 ans passés. J’y reconnais ma sensibilité et mes émotions féminines. 

    Je vous ai découverte dans Passion simple [1992] (dont le film sorti sur écran en été 2021 est indigne de vous).

    Cette femme folle-amoureuse attendant l’Homme qui vient, qui ne vient pas ; quittant précipitamment ses élèves après le cours, courant fébrilement vers son "chez moi", suspendue nuits et jours au téléphone qui ne sonne pas, enjolivant son intérieur pour Son confort, apportant grand soin à ses tenues et lingeries fines pour mieux Le retenir. Toujours prête au cas où... Elle se voit réduite à la seule volonté d’un homme [À partir de septembre l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme : qu’il me téléphone et vienne chez moi.]

    Le quitter ? Elle le veut, elle ne le peut pas, elle, la professeure libérée, la voici esclave.

    Paradoxe de l’être humain si bien exprimé par vous, femme militant avec énergie en faveur du droit des femmes.

    À la lecture de vos multiples romans, nous apprenons que vous êtes issue de milieu modeste et avez toujours combattu pour la lutte des classes, l’avortement légal… Vous avez acquis des diplômes mais votre culture, dites-vous, vient essentiellement de vos lectures dès le plus jeune âge. 

    Vous décrivez avec grande acuité l’adolescence féminine – corps-enfant devenu femme le temps d’une saison-, les premiers émois, le mariage, le bonheur insouciant d’un jeune couple sombrant dans l’isolement / la solitude de la mère, l’aveuglement égoïste du mari (notamment dans La femme gelée [1981].)

    Votre bibliographie est une mine d’or pour le genre humain. Et tellement simple à lire. Votre écriture est à votre image car, en dépit de vos succès littéraires, vous êtes restée humble. 

    Grâce à vous, Madame, à la lecture de votre dernier roman Le jeune homme [mai 2022], j’ai recouvré mon identité féminine, gagné une ouverture en mon avenir. Vous êtes ma confidente, vous êtes mon amie, vous êtes ma psy.

    Outre votre talent d’écriture, vous êtes une Belle Âme, Madame Annie Ernaux.

    Comme vous le méritez, ce Prix Nobel de littérature ! Je vous réclame "Encore des histoires, s’il vous en plaît".

    Je vous adresse, Chère Annie Ernaux, mes plus profondes et sincères gratitude et admiration.

    MartineC