C'était dans un camping paumé
 Au fond de l'Allier, planqué,
 Qu'allais-je faire dans cette galère ?
 Simplement changer d'air,
 Près d'une étendue d'eau,
 "Un lac", dit-on là-bas plutôt
 Où dans les roseaux
 Un héron se cache le jour
 Puis, de l'étang fait le tour
 Enfin le soir venu,
 Quand les humains ont disparu.
 C'est qu'ils le gênent
 Quand ils se baignent !
Le jour à peine levé
 Je vois sur l'étang un voile léger
 Une langue de brume, une fumée ?
 Puis quand le soleil se réveille
 Sur l'eau, devenue miroir
 Des paillettes étincellent
 Clignotent, ayant le pouvoir
 De signaler en douceur
 Au sauvage campeur
 Debout! Il est l'heure !
Seuls le matin batifolent les poissons
 Qui sur les ondes, font des ronds,
 Car ils sont enfin tranquilles
 Sans les gens des villes
 Qui viennent s'amuser,
 Se reposer, pique-niquer
 Et dont il faut se méfier
 Car ils viennent, aussi, pêcher !
Mais dans ce camping isolé
 Peu fréquenté cette année,
 Trois familles en tout
 Un gardien, c'est tout,
 Le calme y règne en roi
 C'est parfait pour moi !
 Aucun bruit, pour seul fond sonore
 Toute l'expression orale
 Des oiseaux, de l'âne, des veaux
 Si en ce, lieu cela est banal
 C'est agréable sans être beau
 Mais j'en redemande encore !
 Pouvant observer la nature
 Les animaux dans la verdure,
 Qui paissent sagement,
 Le jour, la nuit, par tous les temps
 Broutent l'herbe, pâquerettes sucrées
 Le reflet de la liberté.

J'ose une principale distraction
 Nourrir de nouveaux compagnons.
 Même les plus petits
 Ont très vite compris
 Que leurs chants me charmeraient,
 Qu'alors je succomberai
 Et que le pain quotidien, j'assurerai.
 Picorer et transporter
 Pour des petits à alimenter ?
 Un manège à repérer !
 Des as de la communication,
 Dès que terminée la distribution,
 Prévenus par le guetteur,
 Ils arrivent à plusieurs
 Méfiants, et du coin de l'œil
 Visent le moindre écueil
 D'un coup d'ailes s'envolent
 Aussi de peur qu'on ne les vole
 Vite, reviennent anxieux,
 Chercher le pain délicieux !
J'ai découvert les grives.
 Le mâle nourrit sa compagne
 Qui, ainsi s'éclipse dans la campagne
 Vers sa progéniture pour qu'elle survive.
 Le mâle pas trop farouche car habitué,
 Un jour est même arrivé
 Sautillant, jusqu'à mes pieds.
 Mais de son œil vif, j'étais observée
 Guettant le geste préféré
 Celui de la friandise lancée.
Alors que mes hommes dorment
 Ma plume s'abandonne
 À sa chère rêverie
 Sinon, elle s'ennuie.
 Bref retour à la réalité
 Va falloir donner le petit déjeuner
 Avec le même ingrédient
 Mais hélas, sans évidemment
 Le son des chants si charmants !
Ninette