De Catherine Breillat avec Léa Drucker, Samuel Kircher, Olivier Rabourdin
Anne, avocate spécialisée dans les cas d’agressions sexuelles sur mineurs, vit avec son mari Pierre et leurs filles de 6 et 7 ans. Un jour, le couple accueille et héberge le fils de Pierre, Théo 17 ans - d’un précédent mariage –, espérant l’aider à surmonter ses troubles comportementaux. Ce dernier annonce alors à son père une liaison avec Anne. Elle nie.
Un confort bourgeois bien huilé. Un mari aimant mais absorbé par son travail, sans cesse en déplacements. Une femme passionnée par son métier tout en se montrant maîtresse de maison, épouse et mère accomplie ; elle est à l’écoute permanente des autres.
Une lassitude sous-jacente perce dans l’atmosphère dès le début du film.
Quand arrive le beau Théo, jeune fougueux, encore enfant (il joue avec les petites) et déjà homme (sensualité-sexualité en effervescence), il s’affirme comme force aimante, désirante et désirable. Anne se montre maternelle envers Théo, elle sait lui apporter l’attention qui lui manquait.
Mais le spectateur comprend obscurément que ce jeune vient chahuter l’ordre bourgeois comme s’il incarnait le fruit défendu à la femme légaliste. Insidieusement, voluptueusement, il se rapproche d’elle, lui caresse la main, le bras, l’embrasse… elle succombe, se laisse glisser dans une fascination sensuelle pour Théo. C’est alors la fuite en avant, l’élan diabolique du désir de la chair. Les voilà lancés dans une escapade passionnelle à l’intérieur même de la geôle familiale. Union vénéneuse.
L’inceste, crime universel avec toute la culpabilité qu’il sous-tend. Elle lui dit « cela ne doit pas recommencer ». Théo la fait chanter : "Si tu ne veux plus, je le dis à mon père".
Et il s’exécute. Pierre s’entretient avec Anne, qui nie : "Sache que ton fils est un monstre". Terrible phrase !
Qui est le monstre ? Elle, l’adulte « raisonnable » ? Lui, l’adolescent "toute l’innocence de la jeunesse" ?
Catherine Breillat sait montrer avec maestria cette union vénéneuse sans porter de jugement. La Loi des Hommes ne s’accorde pas toujours à la Réalité Humaine.
J’ai vu à travers ce film tout en délicatesse une femme mentalement abandonnée et en perpétuel procès avec elle-même, risquant la perte de sa famille et de son emploi, parce qu’elle a été attentive, parce qu’elle a aimé. Son crime est de s’être laissée submerger par son irrépressible besoin tout humain de sensualité, qu’elle ne trouve pas auprès de son mari.
La scène finale entre Anne et Pierre est apaisante.
Léa Druker est une grande actrice, Samuel Kircher un jeune acteur prometteur.
Merci, Catherine Breillat.
MartineC