Marseille, j’en rêvais. C’est la visite du Vieux Marseille organisée par l’Université Virtuelle du Temps Disponible (UVTD), qui m’a enfin décidée à me rendre en cette belle cité.
Partie à 6h00 de Paris, j’arrive à 9H30 en ce lundi 21 juin.
Gare St-Charles, me voilà accueillie au loin par Notre-Dame-de-la-Garde qui se dessine sur un ciel d’un bleu incroyablement limpide. Sa Bonne Mère dorée renvoie aux voyageurs les éclats du soleil. Les terrasses de café s’égaient d’hommes à la peau burinée, et de minuscules épiceries aux senteurs d’Orient embaument les trottoirs.
Dépaysement total.
Je me dirige gaillardement vers l’hôtel en passant par la porte d’Aix (vestige chargé d’histoire), pose ma valise et zoo ! En avant pour la découverte-aventure !
Par des ruelles aux façades d’immeubles haussmanniens, garnies de balcons en fer forgé d’où pend la lessive du jour, je me hasarde avant d’atteindre la fameuse Canebière. Somptueuse Avenue et…. ô surprise : elle est piétonne (pour une grande partie).
On s’y presse pour se rendre au bureau, faire ses emplettes ou se rencontrer et flâner. Le cœur de la Ville est là : vivant mais point étouffant, l’ampleur de la Canebière permettant des allées et venues nombreuses et sans bousculade.
Elle prend fin sur le Vieux Port qui abrite voiliers et autres bateaux, devant les montagnes blanches et brunes enserrant la ville et découvrant le Lapis-Lazuli de La Méditerranée. Au loin se détachent les Iles du Frioul et le Château d’If chargé d’histoires (Monte-Cristo….).
Marseille, ville sur la mer ! Je rêve.
Une large promenade borde le port, des restaurants aux noms provençaux promettent la meilleure des bouillabaisses, la meilleure des bourrides, les poissons les plus frais.
Le soleil chauffe déjà mais une brise fraîche caresse délicieusement le visage.
À droite, j’aperçois la Mairie, majestueux édifice du XVIe siècle.
À gauche s’arrête Le Petit Train des "tou-tous (touristes)". J’y monte : quel meilleur moyen pour découvrir la géographie d’une ville ? TU-TUTT !!!! ça démarre… On sympathise ; eh oui, entre tou-tous , de quelque pays que l’on vienne, on est frères, animés par une même curiosité de découverte d’un endroit emblématique.
Nous empruntons la Corniche, passons les Forts St-Jean et St-Nicolas, le Palais du Pharo, l’Abbaye St-Victor, la vue imprenable du Pont de la Fausse Monnaie, du Château Valmer et le Vallon des Auffes. Nous apercevons au loin les îles du Frioul et du Château d’If, blanc de craie. Le train bifurque alors vers le Vallon de l’Oriol aux superbes demeures marseillaises, vestiges des riches marchands et accrochées à flan de colline. Nous grimpons jusqu’à 162 mètres d’altitude où la Bonne Mère veille sur Marseille et les Marseillais. Un époustouflant panorama de la ville à 360° s’offre à nous. Après une pause au pied de Notre-Dame-de-la-Garde, la balade reprend et nous voici devant le célèbre Ferry-Boat.
La promenade en petit train s’achève à proximité du MUCEM, cube noir ébène aux élégantes dentelles de béton posé face à la mer, et relié au fort Saint-Jean par une passerelle suspendue sur la Méditerranée. Le fort St-Jean, érigée sous Louis XIV, de fonction militaire jusqu’à la Révolution française puis carcérale. Il est de nos jours un musée d’histoire, entièrement rénové. J’entre, je monte les escaliers et pénètre dans 4 cellules retraçant chacune sur grand écran animé les 2 600 ans d’histoire de la Cité Phocéenne.
16h ! J’ai chaud j’ai faim. Je me dirige vers Le Panier (vieux Marseille). Les rues grimpent, je manque de carburant. Je m’arrête alors sur une placette, et me régale en terrasse d’une onctueuse crème glacée-fraise au "Glacier du roi", boutique dans laquelle on aperçoit la fabrique des glaces.
Requinquée, je me risque à prendre le métro. Je suis étonnée par la profondeur du réseau (10 à 25 mètres), la propreté des quais et des rames, le confort et le respect des usagers en comparaison au métro parisien.
Station "Vieux-Port", qu’y vois-je ?... Un aquarium. Je me frotte les yeux ; mais oui, c’est réel : de vrais poissons aux rayures phosphorescentes y évoluent parmi plantes aquatiques et coquillages.
Douche rafraîchissante à l’hôtel, me re-voilà dehors pour La Fête de la Musique. Je m’enquiers auprès de l’hôtesse d’accueil d’un petit restau ; elle me conseille gentiment "L’horloge" et m’en indique le chemin.
C’est la fête sur La Canebière et le Vieux Port ! Rapp/Opéra/Jazz/Classique/Variétés/Rock/Métal…. Tous les genres se mêlent dans un joyeux -mais assourdissant- tintamarre. Familles, jeunes, anciens, esseulés, amoureux déambulent gaiement.
Le flux me transporte à une fontaine sur une vaste place. Je me pose à "L’horloge". Ravigotée d’une délicieuse dorade grillée accompagnée d’un rosé bien frais du pays, j’échange avec mes voisins, des étudiants marseillais, très sympathiques ; j’ai 20 ans d’âge.
C’est surprenant, je m’attendais à entendre chanter l’accent de Marius, Panisse, Angèle et autres personnages pagnolesques. "C’est toi, Marcel, qui l’aurait inventé pour "faire pittoresque ?" Non point, c’est juste que Marseille accueille des populations d’horizons divers, d’où la disparition de l’accent, hors peut-être chez quelques anciens dans les campagnes environnantes.
Le soleil a cédé sa place aux lumières électriques : quelle merveille que la mer, les bateaux, les monuments et les fontaines scintillant sous lampions et réverbères !
Je m’enfonce dans la ville : la circulation automobile est intense. On klaxonne de toute part, à 23h comme à toute heure.
Mardi. Une douce lumière me réveille à travers le rideau.
A Marseille, la question de la météo. ne se pose pas : 200 jours de soleil annuels. L’entrave principale, et non des moindres, est le Mistral, vent dangereux qui empêche la navigation.
Je descends vers le Vieux Port emprunter l’autobus qui me mène "Chez Fonfon" au Vallon des Auffes, restaurant réputé pour sa bouillabaisse authentique et sa situation géographique non moins authentique.
Le vallon des Auffes, petit port de pêche (halieutique) dans son jus, abrite des cabanons aux multiples couleurs pastelles, des barquettes et pointus dont les places sont réservées aux restaurants qui le bordent.
Auffe est une plante utilisée traditionnellement pour la fabrique de vanneries, cordages, nattes et filets de pêche.
Il est midi. Il semble que la pêche a été bonne, en ce 22 juin. Les pêcheurs s’affairent à ranger cordages et filets, s’interpellent d’un bord à l’autre, "T’as bien marché ?" "La pêche a été bonne ?", "Pastaga ?" comprendre "pastis", bien mérité après une longue matinée de travail. Pour un peu, ils auraient l’accent de Marseille !
Je m’attable, face aux arcades du vieux pont, à 1 mètre des pointus. La vue de ce petit port pittoresque me transporte un siècle en arrière.
Tapenade, croûtons, tranche de thon mi-cuit sur pipérade -cadeau de Fonfon- me régalent, le temps de cuisiner les poissons.
Le serveur pose sur la nappe blanche rouille, aïoli et croûtons puis assiettée de soupe de poissons consistante. Une harmonie parfaite poisson/tomate/ail/fenouil/safran/olive me ravit narines et papilles : j’y trempe mes croûtons aillés. Délice des saveurs !
Les poissons crus entiers me sont présentés avant levée en filet : rascasse, vive, galinette, rouget, cigale de mer : poissons de roche du jour, du noir anthracite au blanc de craie, du rosé au rouge vermillon. Magnifique tableau !
Mon assiette arrive accompagnée des pommes de terre safranées et d’un Blanc de Cassis. Extase du palais.
Après-midi musicale consacrée aux Rolling-Stones. Pas très marseillais mais c’est l’unique exposition en France. De plus, elle se tient au célèbre Vélodrome. Je suis une fan des Rolling-Stones. Leur musique rappelle toute ma jeunesse.
L’exposition est réellement innovante et immersive. Véritable voyage à travers les 60 années du Groupe.
Je visite le vélodrome qui m’impressionne par son gigantisme.
Mercredi : déjeuner puis visite du Vieux Marseille en compagnie d’Edith, Présidente de l’UVTD, et d’une quinzaine de ses adhérents.
Nous déjeunons "Chez Madie" - Vieux Port. [De toute évidence une bonne adresse marseillaise car, à la table voisine de la nôtre, déjeune Jean-Claude GAUDIN, ancien Maire de Marseille.]
Nous faisons connaissance : une atmosphère chaleureuse de grande famille s’établit de suite. Marseillais, Aixois et 3 Parisiens, dont un couple de Paris 12. Nous sommes amusés de cette première rencontre à 800 km !!!
Le repas se passe dans une gaieté enfantine et nous nous régalons de la cuisine aussi fine que généreuse.
Michel nous rejoint au moment du café. Il est gai et drôle tel un Marseillais et nous mène au Panier. Nous grimpons. "L’exercice va être rude !" nous prévient Michel. Effort vite oublié car Michel conte l’histoire, l’évolution et les anecdotes de ce vieux quartier en nous faisant découvrir les richesses et secrets de Marseille avec passion, chaleur et humour.
Nous admirons la Mairie (XVIIe), la Maison Diamantée (XVIe/XVIIe ) - la plus ancienne maison patricienne à la façade couverte de pierres taillées en pointes tels des diamants (style maniérisme provençal) ; grimpons de petits escaliers pour arriver à l’Eglise des Accoules, avec son étrange crypte muée en grotte de Lourdes ; nous arrêtons devant l’Hôtel-Dieu (1593), imposante bâtisse en L, ancien hôpital transformé en Palace, arrivons devant l’Hôtel de Cabre (1535, la plus vieille maison de Marseille qui fût déplacée grâce à un ingénieux mais périlleux système, d’une chaussée à l’autre afin de la conserver lors de travaux de voirie) ; empruntons des ruelles pour arriver Place des Moulins, havre de fraîcheur ; descendons Rue des Honneurs –anciennement Rue Déshonneur car fief de la prostitution -, et remontons par la Rue des Repenties (une fois arrêtée par la police, la prostituée séjournait dans un couvent, puis, "lavée" de ses pêchés, en sortait par la Rue des Repenties. Cette rue est visible dans le film "Borsalino") ; nous émerveillons de peintures street-art, arrivons devant une brasserie nommée "Le Montmartre" ( ! ), avant de plonger sur un panorama du Port et ses deux édifices qui cloîtraient aux siècles passés les arrivants atteints de la peste. Notre parcours prend fin sur le Mémorial des déportations.
Cette visite n’a pas été une simple visite guidée. Celle-ci avait un caractère et un charme différent par l'esprit d'équipe, d'amitié et de partage.
Jeudi : Je projette la visite du Château d’If mais le Mistral souffle et les bateaux ne peuvent accoster sur son Ile. Seuls les bateaux en partance pour l’Ile Pomègues (Frioul) peuvent naviguer. Va pour Pomègue !
Joyau tranquille au panorama irréel, aux eaux transparentes des calanques et criques turquoise et bleues intenses, plages jaunes de sable fin, aux monticules blancs de calcaire d’où apparait le célèbre Château d’If, blanchi par le soleil, le vent et le sel ; la végétation y est sèche et rare mais embaume la garrigue : arbousiers, tamaris, cistes, immortelles, thym et romarin, et aux milliers de gabians (goélands) aux raillements et clameurs éclatantes.
Je déjeune au bord du petit port. Un minuscule restaurant pittoresque m’accueille, tenu par un Marseillais établi depuis 30 ans. Il me conseille sa salade niçoise à base d’huile d’Olive AOP Vallée des Baux, d’olives de Nice "la meilleure des olives", de tomates odorantes et goûteuses et petits artichauts violets cultivés dans son jardinet, d’œufs de ses poules. Il me conseille un verre de rosé Château Miraval, aux notes florales et fruitées, frais et équilibré. Vrai ! Je me délecte ! Toute la Provence en bouche !
Le temps du retour est arrivé. Départ 19h00 de Saint-Charles. Arrivée à Paris 22h00.
Il fait déjà nuit sur un Paris illuminé. Paris est belle, aussi. Entre Marseille et Paris, mon cœur balance. Mais les Marseillais sont vraiment vraiment très accueillants et chaleureux. Et quelle lumière ! Les Marseillais vont diront : "C’est le soleil qui nous rend de bonne humeur".
Je reste éblouie de la si belle Ville de Marseille. Et…. Merci UVTD !
©by Martine C
Pour voir les autres photos cliquez ICI
Martine C
Commentaires
Mes souvenirs datent d'une 20aine années, mais après cette lecture, Il m'a suffit de fermer les yeux. pour revoir l'ile d'If, et Monte Cristo. les rues ont donc bien changées !!!!
Merci MartineC pour ce petit voyage
Arlette CK
Martine, je te remercie de m'avoir guidée jusqu'à Marseille en suivant tes pas.. J'ai découvert cette ville sans y avoir mis les pieds, Tout en restant chez moi, je me suis arrêtée à chaque lieu si bien décrit, en cliquant sur mon ordinateur.
Installée seule à ma terrasse tout en sirotant un Perrier citron, j'étais transportée par son histoire, sa mixité, sa chaleur humaine,, son ambiance, à travers ces scènes si bien décrites.
Ce texte nous présente Marseille sous une image positive, ce qui n'est pas toujours le cas.
Sympa comme "balade", Il y a un peu plus de 20 ans, j'avais fait plusieurs aller-retour retrouver un flirt. Photos argentiques à l'époque. J'étais allé au quartier arabe, sans problème, c'était sympa. Une fois il y avait une manif... J'ai failli y habiter...
Je ne lis que maintenant votre récit et je vous en félicite. Je suis allée plusieurs fois à Marseille mais je n'ai pas vu la moitié de vos descriptions qui m'ont fait bien voyager et quand je retournerai à Marseille, je suivrai tout votre périple si sympathique et émouvant.
Vos photos sont extraordinaires de vie, vous êtes une vraie artiste Martine et je ne peux que vous encourager à publier livre ou photos.
Merci mille fois pour ce beau voyage.
Annie T.
Ah Martine tu m'enchantes. Je reconnais ton appétit d'écriture au long cours et ton appétit autour des découvertes gastronomiques.
Quel délice de se faufiler dans les rues de Marseille sous ta plume alerte !
Michel et moi avons mis les pieds à Marseille il y a 4 ans et pendant une semaine nous avons sillonné cette belle capitale.
Et ton texte m'a fait l'effet d'une madeleine de Proust.